l'homme que j'aime a comme une plume à ses doigts

Comme une plume, calligraphie hasardeuse sur mon visage, tu as fait glisser ton doigt. Toi, l'homme que j'aime, le père de mes enfants, d'un effleurement tu es venu me repêcher de cette mélasse sombre et poisseuse. Une douceur sur mon visage. Ce n'est pas une larme qui glisse, mais ton doigt léger. La pulpe de ton doigt est venu à la rencontre de ma peau et mon être, perdu, qui erre, est venu se lover sous ton doigt.Tu m'as redessiné mon visage, mon amour. Entre ton doigt et mon être, ma peau a servi de truchement. Sa vibration nous a mis en contact. La peau, l'être, le doigt. En contact, En amour. Ma peau s'est mise à exister. Mon corps a peur du sexe. Ma peau a peur qu'on la touche. Ma personne a peur d'etre regardée. Nous avons donc fait l'amour avec un doigt en guise de sexe, la peau dessinée par le doigt en guise de préliminaire, ton regard ouvert sur mes yeux fermés en guise d'impudeur amoureuse. Ce geste est précieux entre tous. Un geste de respect et d'amour.Un geste qui me ramène à la surface des choses, un geste qui me rappelle que j'ai des enfants bien vivants qui de ne demandent qu'à courrir et à s'emplir le corps de cet air de printemps. Ce geste est magique. Comment une si légère caresse peut-elle me hisser, me désembourber de la liqueur infâme et gluante qui m'avale lentement...? Mon mari, mon homme, le père de mes enfants, je t'aime.