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derrière la porte
16 mars 2008

inommable

Je me souviens d'un premier geste sur moi.
Clair et frais comme une jeune voix.

Il fait chaud, le drap glisse, la main se pose sur le bas de mon dos et caresse. C'est mon grand père. Je reste figée.

La main fraiche continue son voyage sur un continent encore inconnu de moi. Je ne comprends pas.

Puis dans cette fade douceur, dans cette gluante torpeur, je laisse mon corps raidi par l'incompréhension sous ses mains, et ma tête s'en va. Dans quels lieux ? Je les cherche encore.

Une voix lointaine me demande si j'aime. Mon corps paralysé lui réponds "oui". Ma tête, ailleurs, ne comprends pas la question. Ne comprends pas le "oui" du corps. La tête, fatiguée, s'endort. Elle restera endormie tout le temps que mon corps sera en présence de mon grand père.

Le corps, lui, ne savait plus. Il cherchait sa tête. Il était perdu.

Depuis, d'ailleurs, il échappe à sa tête, de temps en temps. Il est toujours perdu. Avec ou sans tête.

La tête, elle, méprise le corps, voudrait le couper, le contraindre, le blesser.

Mais la peau, organe miraculeux, réussit tant bien que mal à garder ensemble corps et tête.
Peau fatiguée, usée, trouée. Peau qui parfois renonce.
Peau qui, elle non plus, ne sait plus où elle est.

ours_peluche

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