Suites anglaises - Bach - la peau et l'ennui

Ce soir, aucune douleur insurmontable, j'écoute Bach dans un élan d'ennui. Ce soir, pas de grand mouvement d'âme. Ce soir, juste le rien, le vide, l'inutile : "mais que vais-je faire de ma peau ? " Ca, je me le demande tous les jours. Chaque ennui qui passe interroge ma peau. Ma peau lui répond avec amerture. (elle prefererait sans doute protéger un ouvrage ancien et être ornée de dorures et de gauffrages) L'ennui vient voir ma peau très souvent. Dès que je suis seule à la maison, que les enfants dorment ou sont ailleurs. Ce soir donc l'ennui est là puisqu'aucune crise de panique n'apparait à l'horizon, et que rien, à cet instant précis, ne donne un sens à ma vie. L'ennui : "Dis-donc, Peau, tu fais quoi aujourd'hui ?" La peau : "Ben....rien. Mais je suis là, et je joue mon rôle de peau. J'ai chaud, j'ai froid, je transpire, j'ai mal... je ne fais rien mais je suis très occupée." L'ennui : "Dis-moi, Peau, ta propriétaire, elle est sympa avec toi ?" La peau : "ma foi...ma propriétaire a la facheuse habitude d'oublier de le faire exister. Dans ces moments-là, je disparais, mais alors elle pleure parce qu'elle a mal et froid. Elle ne sait pas ce qu'elle veut !" L'ennui : "mais, Peau, dans ces moments-là vient me voir. Au diable le corps et l'esprit ! Allons nous promener bras dessus bras dessous, Peau et Ennui, en attndant que le corps et le cerveau là-bas se mettent d'accord." L'ennui :"quand l'ennemi du corps, l'indescence de la peau qui se traine et la condescendance du cerveau nous regarderont de haut, nous pourrons alors, et sans amertume, faire quelque chose de nouveau." La peau : "oui ! laisson derrière-nous l'amer et le grand père, et créons ensemble le plus beau vétement qui sierait à ce corps. Un vêtement solide, léger, tanné, cousu et rebrodé. Avec la qualité de ma peau et l'éternité promise de l'ennui, nous pourrons imaginer le plus beau des vétements. La femme : "ainsi mon corps serait protégé par ma peau, ma belle peau, retravaillée, rescussitée, ajustée, tout cela pour moi ! Merci à vous la peau, et merci à vous l'ennui. Grâce à vous je pourrai ne plus souffrir du son des vois et des présences humaines qui me transpercent losrque ma peau ne m'enveloppe plus. Merci à l'ennui qui me fait sentir l'écoulement du temps. Sans cette notion, si l'on n'est même pas sûre de l'écoulement du temps, quel crédit à apporter à notre mémoire ???